Interview pour le zine LA FAUTE A QUI N°28 (juin 2025)

1- Quel est le niveau d’augmentation du coût de fabrication des vinyles ces dernières années ? D’après les échanges que vous pouvez avoir avec les entreprises de pressage, à quoi est-ce dû ? Augmentation du prix de la matière première ? Augmentation des tirages par l’industrie mainstream ?…

Oui les prix ont augmenté depuis le COVID, c’est comme tout. Les boites de pressage sont comme toutes les autres boites du monde capitaliste, elles sont là pour faire du fric avant tout. Nous ne connaissons aucune boite de pressage punk D.I.Y qui ne presse que des vinyles « punk » et ses dérivés. Elles pressent toutes pour des grosses maisons de disques etc… et puis elles nous passent nos petits pressages quand elles ont des trous dans leur prod. D’où aussi les délais qui peuvent varier du simple ou double. Pour les prix, cela a pris au moins entre 10% et 20% mini selon les boites de pressage. Avant tu payais environ 2000€ les 500 vinyles, maintenant on est passés à 2500 ! On ne parle même pas des formats 45T/Ep qui ont tendance à disparaitre puisque le prix de revient des Ep’s est quasi le même qu’un LP.
La cause, Ben et Bertel l’ont expliquée : Prix de la matière première qui a augmenté, incendie des 2 usines principales aux U.S, prix de l’énergie etc… Excuse ou pas, une chose est sûre, le consommateur paye plein pot depuis le COVID pour tout désormais. Une chose est sûre, tout a augmenté avec des excuses plus ou moins valables à la clé depuis le COVID. Très très peu de grosses entreprises, encore mois de multinationales se sont cassées la gueule et ont fermé leurs portes. Elles ont au contraire augmenté leurs profits, racheté d’autres entreprises et étendu leurs tentacules capitalistes.
Il y a indéniablement aussi le retour aux vinyles de tous les artistes grand public à la con (Maitre Gims et autres trucs débiles…) qui se mettent au vinyle, du moins leur boite de production qui ont compris qu’elles pouvaient encore se faire un max de fric avec le vinyle et sortent toutes les merdes commerciales en vinyle (stratégies commerciales des grandes maisons de productions). Tu n’as qu’à regarder n’importe quelle émission de TV qui présente un artiste grand public, lorsque le présentateur présente l’album de l’artiste invité, il le présente en format vinyle et non plus en CD comme il y ‘a quelques années encore… Donc quand un artiste grand public presse à 20 000 exemplaires et que toi, avec ton label punk, tu presses à 500 voire 1000, y’a pas photo, tu ne peux rien négocier, ni tarifs, ni délais, tu subis…

2- Pendant environ 20 ans (90’s et 00’s) les petits labels punks, avec d’autres passionnés dans d’autres styles musicaux, ont participé à la survie des usines de pressage de disques vinyles. Depuis que l’industrie musicale à « redécouvert » ce format, le rapport a-t-il changé avec les fabricants ? Qui sont vos partenaires privilégiés ?

Perso je ne pense pas que les labels punks on a aidé à la survie des boites de pressage. Les labels punks ont toujours sorti des LP depuis leurs débuts. Je pense que les scènes punk et métal sont 2 scènes friandes de vinyles.
Il y a toujours eu beaucoup d’artistes « grand public » qui ont toujours pressé en vinyle (The Cure, Johnny Halliday, Indochine, Téléphone, Noir Désir etc…) et qui ont des pressages énormes. Donc les boites de pressages n’attendaient pas après nous. Comme le dit Ben, MPO, qui était une grosse boite de pressage en France, n’en avait strictement rien à foutre de nos gueules. Nous pressions chez eux par le passé, car à l’époque, on s’était dit que presser en France avait du sens, que c’était mieux que de presser dans un pays low-cost avec des salaires bas etc… Et quand tu vois comment nous avons été traité à l’époque, on est revenus en arrière. Ils étaient très peu dispo, ils ne nous répondaient que quand ils avaient le temps, les devis n’étaient jamais les mêmes (un peu à la tête du client…), ils ont fait des erreurs de couleur sur certains de nos disques, si tu avais un problème, alors là c’était la misère complète pour avoir un avoir etc… etc… En gros ils nous prenaient pour arrondir leur fins de moins, rien de plus. Maintenant que MPO s’est cassé la gueule, clairement ce n’est pas nous qui allons pleurnicher sur leur sort. Ils ont voulu voir gros, très gros, c’était leur seule stratégie commerciale. Ils se ont cassé la gueule, et bien tant pis pour leur gueule !
Et puis ils ne faut pas oublier qu’à l’époque, le vinyle ne représentait qu’une part du chiffre d’affaires de toutes les boites de pressage, mais pas la majeure partie. Toute leur thune venait des pressages CD. Tous le monde pressait en CD il y a quelques années. Et c’était le plus gros chiffre d’affaires. Certains artistes grand public ne pressaient qu’en CD ! Effectivement, lorsque les ventes du CD ont chuté face à la musique dématérialisée, les grosses boites de pressage se sont dit : « Comment pouvons nous encore faire de la thune ? Et bien relançons le vinyle !!! ». Regarde simplement le nombre de repressages de vieux groupes qu’il y a dans un Cultura, Leclerc, Fnac etc… ? Incroyable en 2025 ! Tout ce que tu pouvais trouver en vide grenier à 2/3€, tu le trouves désormais dans toutes les boutiques de France entre 25 et 35 balles !!! Le tout avec des pochettes pixelisées dégueulasses, un son pourri avec des remastering à 2 balles etc… Et comme dit Bertel, toutes ces maisons d’éditions ont encore tous les droits des artistes qu’elles ont signés il y a 10 ou 20 ans. Donc pour elles, dès qu’elles font un repress, ou une compil à la con (une de Noir Désir vient encore de sortir !), et bien elles se font du fric facilement sans prendre aucun risque puisque tous ces artistes sont des valeurs sûres, et donc des revenus très faciles.
A l’opposé, ce qu’il y a de bien, c’est que nous avons vu l’apparition de petites boites de pressages. Par contre certaines se ont déjà cassées la gueule, car c’est très difficile de lutter contre les gros mastodontes du disque. Nous nous travaillons avec 2 boites en France et ensuite ça tourne pas mal car nous faisons énormément de co-prod. Donc ce n’est pas tout le temps nous qui gérons le pressage.

3- L’évolution des tarifs est-il à plus ou moins long terme la mort du format EP ? En effet, l’écart entre le prix d’un EP et d’un LP se réduit* et la question se pose parfois de sortir directement un LP non ? On est passé d’un rapport de 1 à 3 il y a 20 ans à environ 1 à 2 aujourd’hui

Le gros changement par rapport aux années 80′, 90’ ou encore 2000, les groupes auparavant sortaient généralement une démo k7 à leurs débuts, puis un EP 2 ou 4 titres qui les faisaient connaitre avant de se lancer dans un album CD ou/et LP. Maintenant avec internet, l’album est déjà sur bandcamp alors qu’on a toujours pas reçu les LP’s ! Lorsque tu vois le prix d’un pressage Ep 500ex, entre 2000 et 2500€, il faut le vendre à 5€ sans gagner 1 centimes dessus. C’est chaud pour les comptes de labels comme nous. De plus les gens en achètent de moins en moins, les labels en échangent de moins en moins… Donc oui c’est malheureusement un format qui se perd, comme les 10 pouces. Nous, lorsqu’un groupe nous demande de produire ou co-produire un Ep, on leur demande s’ils ne veulent pas attendre un peu, travailler 2-3 morceaux de plus et partir directement sur un album CD ou LP. Et puis via notre distro, nous vendons quasi tous les CD’s à 5 balles, et on a vu qu’on vendait nettement plus de CD à 5 balles que de Ep’s à 3 ou 5 balles. Forcément, si tu achètes un CD avec 20 titres pour 5 balles, tu regardes à 2 fois avant d’acheter un Ep à 2 titres à 5 balles. Par exemple, Conflict (groupe que j’adore depuis des années) vient de sortir un nouvel 2 Ep 2 titres qu’on trouve à 10€ ! Perso même si j’adore toujours ce groupe et que j’aime bien ce support, je ne l’ai même pas acheté. Je trouve ça bien trop cher !
Lorsque je vois le nombre de Ep’s que je commandais par mois chez PANX records à l’époque, excellent label français qui sortait/distribuait énormément de Ep’s de groupes du monde entier, et quand je vois ce qu’on vend comme Ep’s en un mois via notre distro, je dirai qu’on est de l’ordre de 1 pour 1000 si c’est pas plus. Perso je trouve cela triste que le Ep meurt à petit feu, mais niveau trésorerie lorsqu’on gère un label comme le nôtre, on ne peut pas faire autrement…

4- L’allongement hallucinant des délais de pressage est-il un obstacle à ton activité ? Je me souviens avoir reçu les premiers EP de Contingent Anonyme en 2/3 semaines il y a une quinzaine d’années. Aujourd’hui il faut tabler sur des délais de combien pour un EP ou un LP ? C’est une difficulté supplémentaire pour un label artisanal ?

Effectivement nous avons tous subi de plein fouet les délais de pressage qui sont passés de 1 ou 2 mois à 6 ou 8 mois voire plus. Donc lorsque que tu produisais 2 ou 3 albums, que tu devais sortir un sacré paquet de fric de la trésorerie et qu’il fallait attendre 8 mois avant d’avoir des nouveautés à vendre, et bien c’était la galère sans nom, il faut bien l’avouer. Lorsque tu sors ton stand dans un concert et que pas mal de gens de disent « alors ? vous n’avez encore pas reçu ce disque ? Ok tant pis je vais attendre… » c’était décourageant. Nous nous trimballions tous les bacs de disques de concerts en concerts pour vendre 100, 200 voire 300 balles au meilleur des cas. C’était hyper difficile de renflouer le compte. Heureusement ça n’a pas duré trop longtemps. On est revenus à des délais corrects entre 2 et 4 mois. C’est plus facile pour récupérer une partie de ton investissement. On a beau gérer des labels punks, on est tous tributaires de nos ventes, des échanges avec les autres labels etc…
Je ne parle même pas des groupes qui avaient leurs tournées d’organisées et qui recevaient leurs disques 2 mois après la tournée ! C’était horrible pour nous de leur annoncer qu’ils n’auraient pas leur disques à temps.

5- La généralisation de la dématérialisation de la musique est régulièrement évoquée pour expliquer la crise de l’industrie musicale. Cela a-t-il eu aussi un impact sur des petites structures comme la tienne ? Les punx et les skinz sont-ils plus matérialistes que la moyenne des quidams ? Plus collectionneurs ? Conservateurs ou passéistes (pour leurs disques) ? Quel est votre rapport à la musique dématérialisée ?

Je pense que de nos jours quasi tout le monde écoute de la musique via You Tube, bandcamp etc… mais ce que je constate en discutant avec les potes, les gens aux concerts lorsqu’on est derrière notre stand, c’est que les gens écoutent via Internet mais achètent le groupe, le disque qui leur plait une fois découvert. Beaucoup nous disent : je viens d’écouter sur bandcamp c’est excellent ! Tu aurais le disque à vendre ? ». La musique dématérialisée aide plutôt à découvrir les groupes. Comme je l’ai dit plus haut, les scènes punk et métal notamment sont vécues, animées par des passionné-es, des gens qui adorent la musique, les concerts, les groupes. Donc ils soutiennent la scène en allant aux concerts, en achetant tee-shirts, disques etc… en soutenant les groupes et labels. C’est ce qui nous sauve je pense. Les punks et métalleux aiment aussi beaucoup les pochettes de disques, les dessins/collages des artistes qui donnent une vraie identité au disque/groupe.
Après je pense que cela aussi dépend de la génération. Toute la nouvelle génération n’a vécu qu’avec les nouvelles technologies, via et pour internet, bandcamp youtube, instagram, Tik Tok et j’en passe. La scène punk et métal à tendance aussi à vieillir, donc les gens d’un certain âge aiment encore les vinyles, les pochettes etc.. Lorsque tu discutes avec un jeune de 15 ans maintenant, ça l’intéresse pas des masses. Lui il préfère son MP3 avec 10 000 groupes dont ils ne connait ni les noms, ni leurs paroles ! Il veut juste du bruit, du truc qui fracasse ! Moi quelque part ça m’affraie ! J’ai discuté avec un jeune métalleux il n’y a pas longtemps qui consomme quasi toute sa musique via internent. Je lui ai dit : « Mais tu ne sais même pas ce que les groupes disent dans leurs textes puisque tu ne lis pas les textes dans le livret du CD ou du vinyle ». Il me répond : « je m’en fout ». Je lui répond : « mais si tu écoutes du des groupes qui ont des textes nazis ? Ca te dérange pas ? ». Réponse : « Je sais que ce ne sont pas des nazis »… Léger comme réponse lorsqu’on voit l’essors de la scène National Socialist Black Métal par exemple.
Perso par exemple, lorsque j’étais jeune c’est en lisant les livrets des groupes que j’ai pris conscience de beaucoup de choses politiques et sociales et que j’ai également appris l’anglais. Quand j’ai écouté la 1ère fois CONFLICT, j’ai kiffé grave musicalement mais je ne comprenais rien aux textes car je ne parlais pas anglais et ça allait bien trop vite. Donc je prenais un dico, je lisais et je cherchais tout ce que je ne comprenais pas. j’ai énorément appris via les livrets, textes des groupes.
Encore maintenant, je fais de même. Comme j’écoute beaucoup de crust, je lis forcément les livrets et les textes des groupes pour les comprendre (sinon ne comprend pas grand chose…). Ca me prend juste un peu moins de temps maintenant car je parle anglais mais c’est important pour moi de savoir ce que le groupe véhicule comme message.
Le punk avant tout de chose, c’était : « je sais pas jouer, j’ai des trucs à dire, donc je prends une gratte et je gueule ma colère ! ». Les textes ont toujours été importants pour 3/4 des groupes et beaucoup les ont mis en valeurs dans les livrets de leurs disques.

6 – Un des objectifs initiales de nombreux groupes et labels punk ou affiliés était de rendre la musique accessible à tous (prix des places, des disques…) du Clash avec le double album vendu au prix du simple aux Bérus et leur Zénith à 50 balles au « Don’t pay more than… » sur les disques de Crass records… Que pensez-vous de la politique de certaines labels de réaliser des tirages ultra limités (EP à 100/150 copies par exemple) vendus 10/12 € puis qu’on retrouve ensuite à 80/100 euros sur Discogs ? Perso j’ai du mal à comprendre la logique du truc et en tout cas le lien avec le punk ou la Oi! C’est parce que je suis trop vieux ?…

Je trouve qu’on est désormais bien loin de l’origine du mouvement punk, c’est à dire le Do It Yourself, qui était de changer le monde en luttant contre l’établishment, le monde capitaliste etc… Je me demande aussi pourquoi certains labels actuels s’estampille encore « punk » car la démarche n’y est plus du tout ! Lorsque je vois des vinyles à 25/30€ dans une distro punk, c’est aussi cher que chez Cultura ou Leclerc. Elle est où la démarche punk la dedans ? Quand tu vois des labels qui vendent maintenant leur test pressing a des prix de dingue, c’est tout sauf punk ! Faire des tirages hyper limités avec des prix de dingues, y’a rien de punk la dedans non plus. Tout ça c’est de la logique de vente, d’être le seul à la faire, d’être le seul à le vendre pour mettre le prix que bon te semble. Donc ce n’est que du marketing, logique commerciale pour se faire de la thune uniquement. Le groupe qui veut se faire connaitre n’a pas envie de sortir un EP 5 couleurs différentes sortis à 50ex chaque sur un label. Tous groupes veulent sortir le plus de disques possible pour être le mieux distribué et le vendre un peu partout en concert.
Après je ne suis pas tout à fait d’accord avec Ben sur ce point. Car tu peux encore faire de belles prods sans les vendre à 20€ et sans le sortir non plus sur un Major Compagny tiré à 10 000 ex. Nous nous avons déjà sorti des disques dans une petite boite de pressage, en faisant les pochettes / poster sérigraphiées par Circle Print (atelier de sérigraphie du chanteur/guitariste de Vlaar, ex-batteur de Human Compost), on les a tous plié nous-même, mis les inserts dans les disques à la mano etc… et au final le prix de revient est correct et tu peux vendre ton disque à 10/12 balles grand max. On fait par exemple tous nos mastering chez Dislval studio (guitariste de Vlaar/Barrage également ex-Human Compost). Comme ça tout est gérer par des punks, du travail bien fait à prix hyper raisonnable et tout le fric reste dans la scène.
Concernant la couleur pour un disque, nous on le fait aussi car on trouve simplement ça chouette ! On ne se dit pas, on va le faire en couleur car on le vendra plus cher ! On vient de le faire dernièrement pour le split ANSIAX/BAKOUNINE. La démarche était juste de faire une surprise et de faire plaisir aux des groupes qui n’étaient pas au courant. Le premier car ils arrêtent le groupe, l’autre car ils vont fêter bientôt ses 20 ans d’existence. il était hors de question de vendre le couleur à 20 balles car il est en édition limitée.
Ensuite, lorsque tu gères un label et que tu produits un groupe qui split juste après la sorti du disque par exemple (ça nous est déjà arrivé plus d’une fois comme pour beaucoup de label je pense), on ne sait jamais dit, on va le vendre à 15/20€ car on va en vendre moins. C’est complétement stupide cette façon de penser et de faire. Nous on essaie au max de ne pas trop augmenter nos prix de vente, une fois qu’on a vendu un peu prêt assez de disques pour couvrir le prix de revient, on solde le reste afin de ne rien prendre. Le seul truc, c’est que ça prend parfois 1 ou 2 ans. Mais c’est plus correct que de mettre le prochain disque à 20€ car nous n’avons pas vendu assez du précédent. C’est n’est pas à l’acheteur(ses) de payer les mauvaises ventes précédentes d’un label.
je veux juste aussi préciser que le prix de vente d’un disque, ce n ‘est pas que le prix de revient du pressage. Il y a les frais d eport pour envoyer la part au groupe, les flyers promo, les échanges, les disques promos envoyés gratos aux fanzines et radios etc… Il y a beaucoup de frais inclus dans le prix de vente. Mais ceci dit voir des disques à des prix exorbitants chez des labels/dans des distros qui se disent « punk » n’est pas acceptable.
Il faut aussi avouer que ce qui fait monter les prix dans la scène punk et bien c’est le passage à un certain « professionnalisme » de quelques labels qui sont passé en structure professionnel avec loyer pour un local, des salaires, un comptable à payer etc… Dans les années 80′ / 90’ / 2000, 99% des labels punk étaient gérés de façon D.I.Y. Ce n’est plus du tout le cas maintenant. Qui dit frais, qui dit impacte sur les prix de vente.
Et même chez certains label encore « fait maison », la démarche n’est plus la même qu’il y a encore 10 ans. Lors des échanges entre labels par exemple, certains ont des drôles de deal ! Par exemple, on nous demande parfois d’envoyer 4 vinyles noirs pour récupérer 3 disques couleurs d’un autre label. On vendra les disques couleurs à 12 balles en s’apercevant que le label en question va vendre nos disques noir à 15€ alors que nous on les vend 10 et qu’on a demandé à respecter cela. Autre exemple, on demande de ne pas vendre de disque plus de 12€ (c’était le cas du LP d’OBNOXIOUS qu’on a sorti) et on le voit à 16€ sur internet. Autre exemple, on sort un disque, on met un prix en accord avec le groupe car c’est le groupe qui a la démarche de ne pas vendre plus de 10€, tu demandes aux labels de respecter cela, et tu vois tout de même des disques à 15 voir même plus dans les bacs.
Lorsque tu vois également des labels que tu proposes des prix distributeurs, donc grosses quantités pour les distro, les revendeurs etc… a plus de 12/15€ le disque sans les frais de port, alors que ça devrait être le contraire (plus tu achètes, moins ça devrait être cher…), ça na fait que de jouer sur les prix à la hausse dans les bacs et chez les labels revendeurs. Si le prix de revient d’un LP est à 7€ comme à l’heure actuelle, c’est tout de même hyper pourri de le vendre à 12€ prix distributeurs !
Donc la démarche était nettement plus sincère avant. On s’en foutait de savoir si le groupe était connu ou pas, si c’était un vinyle couleur ou pas, si c’était sorti à 500ex ou 2000. on s’échangeait 1 disque contre 1 disque point barre. Malheureusement la logique commerciale de se faire toujours du fric dans quoique tu fasses, le marketing, la démarche purement capitaliste, a pris le dessus chez certains labels punks, c’est indéniable. Ca m’a toujours fait vomir et c’est sur quoi je vomirai toujours !